Montségur, 80 000 ans d\'histoire

Montségur, 80 000 ans d\'histoire

La grotte aux escaliers de pierre

Voilà de quoi alimenter la machine à fantasmes ... Lors de la réalisation de la route menant à Fougax, en 1958, les ouvriers de l'entreprise Navarre, qui travaillent dur dans les gorges du Caroulet, à Montségur, mettent à jour une première grotte immense sur le flanc opposé au pog de Montségur. L'ordre de la reboucher est immédiat ! Il faudra 4 jours aux ouvriers avec un bulldozer pour venir à bout de l'ouverture de grande taille, juste au dessus du ruisseau du Lasset (anciennement ruisseau saint-Nicholas). Au fur et à mesure que la roche est taillée pour y construire la future route, une autre grotte est alors mise à jour, avec toutefois une particularité singulière : des marches taillées dans le roc remontent à l'intérieur du pog de Montségur ! Sans en référer à son conseil municipal, le maire de l'époque, Roger Couquet, ordonne de reboucher sans délai cette nouvelle énigme, sans la visiter, sans en référer aux autorités, craignant de retarder les travaux si des fouilles sont entreprises, ce qui paraissait logique, vu l'importance de la découverte. Une dalle de béton de plusieurs mètres est coulée dans l'ouverture, mais cependant, il y a quand même un problème. De par la constitution calcaire du pog, un réseau karstique immense habite la roche, avec quantité de lacs souterrains. Il faut donc permettre l'écoulement de l'eau. Sur les photos ci-dessous, on peut voir (d'ailleurs on ne voit qu'elle) la dalle en béton qui condamne la grotte, et quelques stalactites qui confortent les deux thèses, à savoir il y a bien une grotte derrière, et l'eau y passe. Ce sont les premières photos prises de cette cavité dont l'existence était reléguée au rang de la légende tant le secret qui l'entoure était opaque. Elle existe bel et bien, il ne reste plus qu'à la DRAC à mener une opération de fouille avec, pourquoi pas des scientifiques. Bien évidemment, on ne voit rien d'intéressant sur ces images hormis le fait que la grotte existe bel et bien, avec son tampon de béton de plus de deux mètres. Il semble bien invraisemblable toutefois qu'il s'agisse d'une sortie dérobée du château, ce pour plusieurs raisons : il y a de fortes chances pour qu'il n'y ai pas eu de château, mais plutôt un système de tours, même s'il y avait une tour castrale, et ensuite, la configuration des lieux semble peu propice à un tel édifice traversant de haut en bas toute la montagne, elle même remplie de poches d'eau inérantes au réseau karstique. La dénivélation entre l'entrée de la grotte et l'actuel château étant de plus de 400 m, ceux qui ont gravi la voie d'accès normale avec ses 180 m de dénivelé savent de quoi je parle, alors imaginer une descente de 400 m au coeur de la montagne semble bien improbable. Alors, pourquoi ces marches qui remontent ? Il est facile d'imaginer le travail que cela représente, d'autant que les aciers de l'époque n'étaient pas de la meilleure qualité, il n'y avait pas de pointes au tungstène pour la taille de la pierre. Cependant, il est vrai qu'il y a des marches taillées dans le roc à bien des endroits à Montségur. D'autre part, où cela menait-il ? Un refuge ? Une salle servant à des cérémonies ? Des réserves de nourriture ? ... Pour le savoir, il faut aller voir ...
Sur cette photo, on distingue bien le passage de l\'eau ferrugineuse à travers les roches du pog (Ph. Laurent Crassous)
Sur cette photo, on distingue bien le passage de l\'eau ferrugineuse à travers les roches du pog (Ph. Laurent Crassous)

Les stalactites (Ph. Laurent Crassous)
Les stalactites (Ph. Laurent Crassous)

Les stalactites (Ph. Laurent Crassous)
Les stalactites (Ph. Laurent Crassous)

Vue de l\'entrée bétonnée de la grotte (Ph. Laurent Crassous)
Vue de l\'entrée bétonnée de la grotte (Ph. Laurent Crassous)

Vue de l\'entrée bétonnée de la grotte (Ph. Laurent Crassous)
Vue de l\'entrée bétonnée de la grotte (Ph. Laurent Crassous)